La forme des dialogues peut prendre deux aspects visuels. Le tout est de bien les écrire, en respectant les règles typographiques. Bien le faire dès le départ vous évitera de passer du temps sur cette partie lors de la mise en page.
Avant de vous parler des deux méthodes possibles, je voulais revenir sur les incises.
Vous êtes plutôt tirets ou guillemets pour vos dialogues ?
Deux équipes s’affrontent dans ce match du dialogue.
Georges R. R. Martin, auteur de Games of Thrones, utilise les guillemets, tandis que J.R.R. Tolkien, auteur du Seigneur des anneaux, utilise les tirets. Frank Herbert, auteur de Dune, utilise aussi les guillemets, mais d’une façon différente de Georges R. R. Martin.
Alors, que choisir ? Je dirais que c’est en fonction de votre préférence (ou de celle de la maison d’édition), voire de ce qui se fait le plus dans la catégorie de votre roman.
Équipe tirets cadratin
Les tirets se démocratisent depuis plusieurs années pour la mise en forme des dialogues, délaissant les guillemets. On appelle ça l’école moderne. Aujourd’hui, cette mise en forme est particulièrement appréciée pour les soumissions aux maisons d’édition.
— Bonjour, comment ça va ? demande mon ami.
— Je ne sais plus quoi penser, annoncé-je, je me suis pris la tête pour une histoire de tiret.
C’est la forme choisie par J.R.R. Tolkien dans son roman Le seigneur des anneaux.
Mais attention, il ne s’agit pas de mettre n’importe quel tiret, il faut utiliser le tiret cadratin (tiret long).
Vous l’obtenez en appuyant sur les touches du clavier ALT (à maintenir enfoncé) puis 0151. À sa suite, il ne faudra pas une simple espace, mais une espace insécable (obtenue avec la combinaison de touches ALT 0160).
Ainsi, vous n’écrirez pas : – Bonjour, comment ça va ?
Mais bien : — Bonjour, comment ça va ?
Équipe guillemets
Dans le Lexique des règles typographiques, il n’est expliqué que cette forme pour les dialogues (encore que celui-ci évoque les tirets simples et non les cadratins). Ce procédé relève de l’école traditionnelle.
« Bonjour, comment ça va ? demande mon ami.
— Je ne sais plus quoi penser, annoncé-je, je me suis pris la tête pour une histoire de tiret. »
Georges R. R. Martin, auteur de Games of Thrones, se sert ainsi de cette méthode avec les guillemets dits français.
On commence donc la première citation par un guillemet ouvrant, on ferme la dernière du dialogue par un guillemet fermant. Si plusieurs personnes parlent, les répliques entre la première et la dernière sont précédées d’un tiret cadratin. Et après le guillemet ouvrant et avant le guillemet fermant, une espace insécable.
Contrairement à la pratique des seuls tirets cadratin, utiliser les guillemets vous permet de faire de longues incises entre les citations d’un même protagoniste :
« Je ne sais plus quoi penser », annoncé-je d’une voix morose. Mon interlocuteur me regarde avec insistance, curieux de la suite, et je reprends. « Je me suis pris la tête pour une histoire de tiret. »
Frank Herbert, auteur de Dune, n’emploie pas du tout les tirets. Ainsi, chaque réplique, même dans un long dialogue, n’aura que des guillemets pour l’encadrer.
Équipe ni l’un ni l’autre
Récemment, j’ai lu Où es-tu, monde admirable, de Sally Rooney, aux Éditions de l’Olivier. J’ai été surprise par la forme des dialogues, que je n’avais encore jamais vue. En effet, ils s’insèrent dans le texte de la même façon que les paragraphes.
Ici, ni tirets ni guillemets !
Certaines répliques auront leur ligne à part, d’autres seront insérées dans le paragraphe. On les repère tout de même avec facilité grâce aux incises.
Au début, c’est assez déconcertant, mais on s’habitue vite au fil de la lecture.
Les incises dans les dialogues
Parlons maintenant des incises qui accompagnent la citation et permettent d’indiquer qui parle, avec parfois la façon dont le personnage parle ou ce qu’il fait. L’incise peut se trouver au milieu de la phrase ou à la fin.
Quelques règles sont à respecter sur sa forme :
- inversion verbe et sujet : J’ai quelque chose à te raconter, dis-je.
- jamais de majuscule, même après un point d’interrogation ou d’exclamation et des points de suspension : J’ai quelque chose à te raconter ! m’exclamé-je.
- ajout d’un « t » pour la troisième personne du singulier et du pluriel quand le verbe de l’incise finit par une voyelle : J’ai quelque chose à te raconter ! s’exclama-t-il.
- l’incise doit être encadrée par de la ponctuation (deux virgules si elle coupe une même phrase, une ponctuation (virgule, point d’interrogation ou d’exclamation, points de suspension) avant le verbe d’incise et point final à la fin de l’incise :
J’ai quelque chose à te raconter, dis-je avec une certaine appréhension, mais il faut s’éloigner.
J’ai quelque chose à te raconter ! m’exclamé-je avec une certaine appréhension. Mais il faut s’éloigner. - mais pas de point avant le verbe d’incise, une virgule s’il n’y a pas un autre type de ponctuation.
- après des points de suspension, on peut ou non mettre une virgule avant le verbe d’incise, les deux sont acceptés :
J’ai quelque chose à te raconter… dis-je.
J’ai quelque chose à te raconter…, dis-je.
Attention, il faudra être cohérent avec le premier choix dans tout le roman.
Et vous, vous êtes plutôt de l’équipe tirets ou guillemets ?
Seb
28 Déc 2022Bonjour,
Très intéressant. Pour avoir des enfants en 5e, je remarque que ce n’est pas ce qu’on leur apprend au collège malheureusement. L’utilisation des ponctuations !? avant les incises, qui ne comportent alors pas de majuscules, les trouble. De même, les différentes possibilités entre les guillemets et les tirets ne sont pas évoquées.
Merci et bonne continuation.
Sara - SD correction
28 Déc 2022Bonjour,
Merci de votre commentaire.
En effet, ce n’est pas le genre de chose que j’ai appris adolescente. C’est d’ailleurs pour ça que, quand j’ai relu une histoire que j’avais écrite à l’époque, je me suis rendu compte des énormes fautes faites.